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L'oiseau Denho


L’oiseau Denho était le fils de l’oiselle Kiveille et de l’oiseau Visseul.


Jeune oisillon à la mort de ses parents, il avait fait son nid tout en haut de l’arbre. Il s’y sentait seul et n’avait jamais compris pourquoi personne ne venait s’installer à la cime avec lui. Jamais une visite, c’était toujours à lui de descendre dans les branchages et même en bas, jamais un mot gentil, ni un merci pour avoir averti d’un danger, prévenu qu’une tempête approchait ou signalait la présence des singes voleurs d’oeufs.


Un jour où l’oiseau descendit, le vieil hibou lui demanda :


- Dis-moi Denho, qui t’oblige à vivre la haut ?

- Personne.

- Alors, je ne comprends pas, qu’y a-t-il là-haut qui te plait tant ? Tu es seul, tu es constamment à l’affût du danger, tu es le plus aux prises avec les intempéries, tu es sans cesse secoué par le vent. Tu n’es jamais tranquille !

- C’est vrai mais il faut bien que quelqu’un alerte les autres lorsque les éclairs menacent. Il faut bien que quelqu’un veille quand les singes approchent. Il faut bien que quelqu’un surveille notre arbre pour qu’on ne nous vole pas la place …

- Je suis d’accord, mais qui a dit que ça devait être toi qui avais la responsabilité de tout cela ?

- Personne mais … je dois aussi reconnaître qu’il n’y a pas que des mauvais côtés ! Je suis privilégié de pouvoir admirer chaque jour de magnifiques levers et couchers de soleil, je peux saluer les migrateurs à leur passage, je ne perd pas de temps à quitter le creux de l’arbre pour m’envoler, j’entends moins les cris des oisillons affamés ...

- Je suis d’accord, mais qui a dit que tu devais être le seul à en profiter ?

- Personne mais ... disons que c’est une compensation pour tous les inconvénients qu’il existe à vivre là-haut. Je suis constamment exposé, toujours en alerte alors zut, j’ai bien le droit à quelques avantages ! Et puis, que veulent dire toutes ces questions ? C’est pénible ! C’est sûr que vous en bas, vous avez la belle vie ! Au lieu de me faire des reproches, vous devriez me dire merci !

- Et bien non ! Je voudrais plutôt te dire s’il te plaît : s’il te plait, cesse de croire que d’en haut, à veiller sur les autres, tu iras loin. Bien au contraire, tu ne vas nulle part. Il est temps pour toi d’accepter que pour te réaliser Denho, tu dois redescendre.


Denho finit par rejoindre les autres oiseaux et goûta à la fraicheur de l’ombre, à la tranquillité des branches stables et à la quiétude de ne pas être sans cesse sur le qui-vive.

Il partagea toutes ses connaissances avec les plus jeunes oiseaux qui voulaient défendre l’arbre. Le vieil hibou le fit Maître et à chaque apprenti, il ne cessa de répéter :


« Petit, n’oublie pas que ta place est parmi nous car d’en haut, qui veille vit seul ».

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