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L'énaction

Ma découverte du concept d’énaction en lisant un article de Vocabulaire de psychosociologie, d'Anne Ferré


L’ACTE


L’article est un travail d’étude sur le terme de l’acte : l’acte et son rapport à la réalité, l’acte et la pensée, l’acte et l’action, l’acte et l’individu, l’acte générateur d’apprentissage …

Et Anne Ferré de dire : « De plus, l’acte vise un fragment du réel alors que la réalité est un tout global non fragmenté : ce qui nous amène […] au principe d’énaction dont nous parlerons plus tard. »


Énaction ? En action ? Inaction ? Haine action ? Ce terme m’intrigue … et mon Words refuse de l’orthographier correctement. Clic droit > Mémoriser l’orthographe.


Et plus loin dans la lecture de l’article, je découvre donc le principe d’énaction selon Francisco Varela : « avoir l’initiative de ses comportements et de ses mouvements dans le temps de l’apprentissage. » Je lis aussi sur internet que Varela définit également le processus d’énaction comme un « processus selon lequel nous déterminons en partie et structurons nos réalités. »


Je découvre ainsi le lien entre :

acte —> apprentissage —> réalité.


Mendel définit l’acte comme « processus d’interactivité entre un sujet porteur d’un projet (d’action) et la réalité concernée par ce projet - selon les cas : autrui, la société, la nature. »

Interactivité entre action et réalité : L’acte de l’individu vient donc se confronter à la réalité de l’individu. Mais comment définit-on la réalité ? Est-il possible de maîtriser le réel ? Le réel est-il figé autour de nous ? Le réel est-il forcément identique pour tous ? Le concept de réalité est important car il renvoie à la notion d’environnement (social, culturel, d’entreprise …) de l’individu.


Le sens que prend chaque acte est différent selon la réalité à laquelle il est confronté. Sortir faire un jogging le dimanche matin garantit une journée en pleine forme pour l’un. Pour l’autre, c’est une torture car c’est le priver d’une grasse matinée. L’un pense à sa forme, l’autre à son repos.


Alors chaque fois que je fais quelque chose, je confronte un acte à ma réalité. Cela veut-il dire que chaque fois que je fais quelque chose, je modifie ma réalité ?


J’adore courir le dimanche matin. Mais si j’ai fait la fête le samedi soir, comment sera la réalité de mon jogging le lendemain matin ? Probablement différent de si j’ai passé une bonne nuit.


Ce constat assez basique me renvoie à la notion d’apprentissage. Finalement, quand on est enfant, on ne cesse de confronter ses actes à sa réalité de tout-petit et d’y trouver du sens. C’est de ces expériences qu’on apprend au fil des âges. Les apprentissages modifient sans cesse notre réalité d’enfant et nous construisons sans le savoir un environnement qui nous stimule et nous motive à entreprendre de nouvelles confrontations actes / réalités etc …


Nous jouons bel et bien un rôle dans la construction de notre propre monde.


Et puis, adulte, il semblerait que nous ayons oublié les vertus de ce jeu de construction …

L’acte se confronte à une réalité qu’on croit désormais figée et extérieure à soi. On sort des « j’y peux rien », des « ça ne se fait pas » et des « c’est comme ça » qui paralysent l’action.

Par rapport à l’enfant, l’adulte réfléchit et l’article d’Anne Ferré reprend de Mendel les concepts de pensée de l’action (l’intention, la décision, la volonté …) et de pensée de faire (la pensée de l’expérience, du savoir-faire, la pensée inventive).


L’enfant apprend en utilisant la pensée de faire qui est fortement liée au corps, à la sensorialité, à la motricité. L’expérience, l’inventivité sont au coeur des nombreux apprentissages, notamment à travers le jeux. L’adulte utilise volontiers la pensée de l’action qui permet de transformer une réaction en action, de manière consciente. La pensée du faire est plus inconsciente et plus liées aux conditions psycho-sociologiques du sujet.

Le processus d’énaction permet de recréer du lien entre la notion d’apprentissage et l’expérience vécue, au service d’une réalité qu’on se construit soi-même : j’agis, j’apprends de mes actes, je modifie ma réalité. Je deviens un acteur de mon propre monde. Je deviens énacteur.


Anne Ferré fait le lien entre acte / réalité et acte / monde de d’entreprise.


Comme elle, je suis aussi convaincu que plus un individu aura de pouvoir sur l’acte, plus il sera motivé et plus il sera à même de prendre du plaisir à agir, d’assumer des responsabilités, de trouver sa place dans une équipe, dans un projet … car le pouvoir sur l’acte donne du sens à la réalité.


Isaac Getz et Brian M. Carney ont écrit « Liberté & Cie - quand la liberté des salariés fait le succès des entreprises » (Ed. Champs essais). Ils expliquent comment des chefs d’entreprises ont su « libérer » leurs salariés et faire passer leurs sociétés d’entreprise « comment » - à savoir une entreprise où chaque personne respecte la théorie de son poste parce qu’on lui a expliqué comment faire sa tâche - à des entreprises « pourquoi » où chaque employé est formé à comprendre le sens de la tâche qu’il fera dans l’entreprise et encouragé à apporter des modification à son poste si à l’usage, s’il constate qu’il peut l’améliorer.


On retrouve la question du « Why » posée par Simon Sinek dans « Start with Why » ou dans son TED « Comment les grands leaders inspirent l’action ? ».


La liberté accordée aux autres - et celle qu’on s’autorise soi-même - permet de repartir sur le terrain des expérimentations. Comme en sciences, on apprend de ses expériences et leurs résultats permettent de faire évoluer la réalité d’une situation.


L’acte rend libre en ce qu’il « permet de sortir de soi, tout en restant soi » précise Anne Ferré. Il permet de se confronter à la réalité externe et contribue à la construction de soi.

Par rapport à l’accompagnement de porteurs de projets et l’activité de coaching, l’énaction me semble donc un processus essentiel à maîtriser tant pour la personne accompagnée que pour le coach lui-même pour comprendre la réalité de l’autre, nécessairement différente de la sienne, et pour permettre de rendre plus conscient à l’autre le rôle qu’il/elle a dans la construction de son monde.


A partir de là, on peut imaginer l’émergence d’actions et d’interactions avec son environnement en étant le garant de l’apprentissage qui résulte de chacune de ces actions et interactions et en étant le témoin du changement de la réalité de la personne qu’on suit.

Certaines personnes de mon entourage me disent depuis toujours « Mais tu as une de ces chances toi ! ». Aujourd’hui, j’aurais envie de leur répondre : Mais non, j’énacte juste le monde à ma façon !

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